Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’Université George Washington

washington le 22/06/2000

"Louanges à Dieu,
Que la Prière et le Salut soient sur le Prophète, Sa Famille et Ses compagnons.
 
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs
 
II m'est profondément agréable de m'adresser à vous au sein de cette prestigieuse institution qu'est l'université George Washington, pour la remercier pour la haute distinction dont elle a bien voulu m'honorer et les marques de considération que vous m'avez manifestées et qui me touchent profondément.
 
Il m’est profondément agréable de m’adresser à vous, au sein de cette prestigieuse institution qu’est l’Université  Georges Washington , pour la remercier pour la haute distinction dont elle a bien voulu m’honorer et les marques de considération que vous m’avez manifester et qui me touchent profondément .  
 
Je suis persuadé que parmi les imminentes personnalités présentées et qui représentent le monde de la stratégie politique et diplomatique de la finance et de l’économie, de la science et de la culture ,
Le Royaume du Maroc compte de nombreux amis que Je souhaiterai saluer en espérant qu’au delà des sensibilités partisanes, leur cercle ira en s’élargissant pour magnifier l’éxcellence de cette relation qui existe si heureusement entre nos deux pays depuis plus de deux siècles .
 
L'amitié maroco-américaine qui est ainsi enracinée dans votre histoire ne s'est jamais démentie ni en temps de crise ni en temps de paix. elle s'est poursuivie pendant la guerre froide et, bien loin d'être le produit de la conjoncture éphémère ou du calcul égoïste, elle a toujours été animée par les valeurs si précieuses à l'humanité toute entière que sont: la liberté, la justice et la solidarité.
 
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs
 
Depuis que, par la volonté de Dieu, j'ai dû succéder à Mon vénéré père, S.M. le Roi Hassan II, que Dieu l'ait en Sa Sainte miséricorde, pour présider aux destinées de mon pays, l'art de gouverner et l'éthique qui doit le fonder et le sous-tendre sont au centre de mes préoccupations.
 
Je n'ai eu de cesse d'élargir le champ démocratique et d'affirmer l'Etat de droit, de croire et d'investir dans la dignité du citoyen, de reformer les structures étatiques et de jeter les bases d'un développement humain et durable, équitablement partagé entre les individus, les groupes, les villes, les régions et les provinces.
 
Cette tâche est exaltante parce que Dieu a voulu que le peuple marocain soit loyal et travailleur, respectueux de ses institutions constitutionnelles, tolérant et cultivant les meilleures relations de convivialité avec les religions célestes révélées.
 
Fidèle en amitié, comme notre histoire commune l'a démontré, il a toujours su et saura exprimer sa reconnaissance à tous ceux qui ont contribué et contribueront à son épanouissement au tra vers d'un partenariat de qualité où l'avantage mutuel le disputerait à la durabilité d'un contrat d'honneur, et de confiance. Je dois à mon peuple le meilleur de mes énergies non seulement pour respecter et entretenir ce partenariat de qualité avec les États-Unis et l'Union Européenne en particulier. mais également pour rester attaché à nos chaînes de solidarité: avec l'Afrique d'abord pour panser ses blessures et assurer son redressement, avec le monde arabe, ensuite pour accélérer au Moyen-Orient ce processus de paix auquel les Etats-Unis et le Maroc ont consacré tant d'efforts, de moyens, et de contributions afin que tous les peuples de la région vivent dans la sécurité et la dignité, avec l'Union du Maghreb Arabe également, qui attend de ses frères et partenaires une impulsion généreuse pour dynamiser son développement au bénéfice de la stabilité régionale, et du bien-être de ses peuples.
 
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs
 
Roi du Maroc, investi par l'Organisation de la Conférence Islamique de la présidence du comité Al-Qods, j'ai le devoir d'en appeler à tous les croyants, aux gens du livre et de cette foi qui uni les enfants d'Abraham, à libérer cette ville trois fois sainte des haines et des ressentiments, afin qu'elle redevienne, selon sa vocation fondamentale, cet espace sacré ou convergent dans la communion et l'élévation spirituelle les prières de tous le croyants, sous le regard de Dieu unique.
 
De tout temps, il nous a été enseigné que la justice était le pilier de la foi authentique, comme l'éthique était et reste la source de tout pouvoir et la pierre angulaire de toute politique destinée à construire une œuvre durable, fondée sur le bien en tant que seul concept qui s'affirme, se répand et s'universalise et qui devrait emporter l'adhésion des individus et des peuples.
 
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs
 
Avec la fin de la guerre froide, les gouvernements et les représentants des différentes nations se sont trouvés confrontés à des problèmes stratégiques nouveaux, à des phénomènes sociaux globaux et à des impératifs éthiques majeurs.
 
Les progrès dans les systèmes de communication , tout autant que la mobilisation des marchés commerciaux et financiers ont transformé nos modes de production, de distribution et de consommation, tandis que dans nos angoisses, la péril nucléaire cohabite désormais avec d’autres menaces sécuritaires qui sont sans visage , ni frontières.
 
J'en citerai quelques-unes sans en épuiser la liste: le terrorisme barbare, le trafic de drogue, les épidémies, la criminalité transnationale, le blanchiment d'argent dans les centres financiers off-shore, les migrations sauvages, la prolifération des armes et la propagation de la violence ainsi que les atteintes fréquentes à l'environnement naturel, au risque d'en bouleverser et d'en altérer les subtils équilibres.
 
Je citerai surtout cette froide violence qui est faite par des règles inéquitables aux pays sous-développés, écrasés qu'ils sont par le fardeau de la dette, dont les produits peu valorisés sont en butte à des marchés inaccessibles et à des technologies captives, et dont les programmes de développement sont souvent condamnés à l'inanité par une aide publique qui va en s'amenuisant et par des financements de plus en plus parcimonieux.
 
L'intérêt de l'humanité toute entière réside dans l'intégration de toutes ses potentialités dans la diversité de ses apports à la civilisation  universelle, sans la marginalisation d'un continent ou d'une région, sans l'exclusion d 'aucun peuple des avantages du progrès sans fracture entre les couches de la société et surtout  sans discrimination à l'égard des femmes ou des groupes sociaux vulnérables qui devraient  être partenaires mais aussi bénéficiaires du développement et de l'évolution. Je suis persuadé que le monde actuel, celui qui se profile à l'aube du XXIème siècle, se situe dans une  phase de gestation et de transition, où de la juxtaposition des spécificités émergera une convergence autour des valeurs qui nous seront communes où les initiatives politiques unilatérales  céderont progressivement la place à la consolidation de l'ONU et du système multilatéral» et les relations internationales facultatives seront de plus en plus remplacées par une coopération globale incontournable, en attendant de  passer de l'Etat de droit national à une architecture de droit international.  
 
Je suis persuadé que le monde actuel, celui qui se profile à l'aube du XXIème siècle, se situe dans une phase de gestation et de transition, où de la juxtaposition des spécificités émergera une convergence autour des va leurs qui nous seront communes où les initiatives politiques unilatérales céderont progressivement la place à la consolidation de l'ONU et du système multilatéral et où les relations internationales facultatives seront de plus en plus remplacées par une coopération globale incontournable, en attendant de passer de l'État de droit national à une architecture de droit international.
 
L'Etat du nouveau millénium, ne devrait pas se contenter d'être l'alchimiste du consensus national, il devrait être aussi et surtout l'organisateur d'un dialogue fécond entre les cultures et les civilisations et par la même, le catalyseur d'un patriotisme planétaire qui fait obligation à chacun de nous, face aux problèmes du monde présent, de penser globalement avant d'agir localement en pleine connaissance de nos actes et de leurs conséquences pour l'autre, pour tous les autres.
 
Agissons donc ensemble pour raffermir les démocraties nationales au moyen de règles démocratiques inter nationales afin de consolider la légalité et le sens de l'éthique au niveau universel.
 
Ainsi pourrions-nous créer le maximum de réseaux de partenariat et de synergies entre les peuples, pour généraliser la paix et accroître notre prospérité commune.
 
C'est à la réalisation de cet idéal et de cet ordre éthique universel que je vous convie aujourd'hui, vous dont la responsabilité est si grande dans la conduite des affaires du monde, de ce monde que nous espérons fertilisé par la solidarité, la fraternité et l'espérance.
 
Monsieur le Président,
 
Je ne saurai conclure cette intervention sans dire combien je me réjouis du jumelage de l'université George Washington, dont le rayonnement a franchi toutes les frontières, avec l'université marocaine Al-Akhawayn, dont le parcours, malgré sa création récente, est exemplaire et prometteur.
Je vous remercie de votre attention
 
Que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur vous.